Conjuguer les verbes selon le temps indiqué :


Jean-Paul SARTRE – La nausée

Je ne (pouvoir - présent) pas dire que je (se sentir - subjonctif présent) allégé ni content; au contraire, ça m’écrase. Seulement mon but est atteint: je (savoir - présent) ce que je (vouloir - imparfait) savoir; tout ce qui m’ (arriver - passé composé) depuis le mois de janvier, je l’ (comprendre - passé composé). La Nausée (ne pas me quitter - passé composé) et je ne (croire - présent) pas qu’elle me (quitter - futur) de sitôt; mais je ne la (subir - présent) plus, ce n’est plus une maladie ni une quinte passagère: c’est moi.
Donc j’étais tout à l’heure au jardin public. La racine du marronnier (s'enfoncer - imparfait) dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c’était une racine. Les mots (s'évanouir - plus-que-parfait) et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d’emploi, les faibles repères que les hommes (tracer - passé composé) à leur surface. J’étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse, entièrement brute et qui me (faire - imparfait) peur. Et puis j’ (avoir - passé composé) cette illumination.
Ça m’a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n’ (pressentir - plus-que-parfait) ce que voulait dire « exister ». J’étais comme les autres, comme ceux qui (se promener - présent) au bord de la mer dans leurs habits de printemps. Je (dire - imparfait) comme eux « la mer est verte; ce point blanc, là-haut, c’est une mouette », mais je ne sentais pas que ça existait, que la mouette était une « mouette-existante »; à l’ordinaire l’existence se cache. Elle est là, autour de nous, en nous, elle est nous, on ne (pouvoir - présent) pas dire deux mots sans parler d’elle et, finalement, on ne la touche pas.